Le réservoir et sa pêche

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Bien que plus petit que Rutland, les berges de Bewl se découpent d'une manière très comparable. Et comme pour tous ces grandes étendues d'eau, la lecture du lac peut s'avérer très délicate pour le nouveau venu. Le mieux est de prendre un maximum de renseignements auprès des spécialistes locaux, que ce soit au bord du lac, dans les Pubs ou auprès de quelque connaissance au courant de la situation.(voir plan)

L'accès au meilleurs places variera évidemment si vous êtes à pied ou en barque. La plupart des locaux vantent les mérites (et surtout le rapport qualité-prix) de la pêche du bord. Mais ils connaissent parfaitement les meilleurs coups, et leur choix est souvent le bon. Changer de berges sur un réservoir d'une telle superficie représente une telle débauche de temps et d'énergie que le pêcheur peu au courant des meilleures places fera mieux de privilégier la barque. Et puis ces endroits, où la pêche en bateau n'est pas démesurée sont suffisamment rares qu'il vaut mieux en profiter. Cela ajoute incontestablement au dépaysement, cela pimente la pêche de quelques détails croustillants et, parcourus au moyen d'une barque motorisée, ces réservoirs donnent toute leur mesure.

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Ce qui surprend la plupart des moucheurs peu habitués aux truites des réservoirs anglais, c'est leur combativité extraordinaire. Ces poissons défendent chèrement leur peau, sautent, démarrent, filent en dessous du bateau et vous en font voir de toutes les couleurs. Ce qui est malheureux, par contre, c'est l'obligation de les tuer. Le "Catch and Release" est ici remplacé par le "Put and Take", et si vous avez pris vos six poissons après deux heures de pêche, il vous reste la possibilité d'acheter un second permis ou bien il faut arrêter. Gênant. Il vous faudra peser vos captures puis les consigner dans le carnet de prises. C'est probablement le seul désagrément que je vois aux réservoirs anglais. Evidemment, ils ont leur raisons, et rien ne sert d'en discuter infédiniment. Les réservoirs sont suffisemment bien gérés pour leur laisser le bénéfice de la compétence. Mais bon, ce n'est pas très sportif et l'envie de remettre à l'eau ces valeureux adversaires vous démangera plus d'une fois.

Les modes de pêche, au fil des saisons

Avril: C'est la période la moins spectaculaire. Les poissons ne se montrent en surface qu'en fonction des éclosions de buzzers et lorsqu'ils sont sur le fond, la seule technique pouvant rapporter quelques poissons c'est le streamer. Vu la profondeur importante que l'on trouve en réservoir, une Hi Speed Hi D est souvent le seul remède pour atteindre rapidement les zones où le poisson se concentre. Au minimum, une grade IV est requise si vous ne voulez pas passer votre journée à regarder votre soie couler. Préférez une sinking type "Uniform Sink", bien plus efficace lorsque l'on doit percevoir des touches légères à grande profondeur. Il faut lancer le plus loin possible, soigneusement calculer le nombre de secondes que prendra votre soie pour atteindre le fond, puis commencer le travail des vos mouches. Les mouches les plus efficaces sont les gros streamers habituels du genre "Zonker", "Viva", "Tadpole" et "Dog Nobblers" dans les couleurs noir ou blanc, en version plombée ou "booby". Mais le rose semble également être apprécié par les truites de Bewl. Un modèle que j'ai personnellement utilisé avec succès à Bewl est un "Booby Nobbler" sur hameçon 8 "streamer", au corps jaune fluo et à la queue en marabou rose clair. Olivier a adoré un petit streamer ham. 10 hampe normale, queue marabou noir, corps noir cercle finement en tinsel doré, col vert fluo et bille dorée en tête.
N'utiliser pas un bas de ligne trop long. Un mètre ou deux de nylon suffisent amplement et évite à la touche de passer inaperçue, car une trop grande longueur amortit la traction. La soie est déjà assez lourde comme ça, mieux vaut ne pas ajouter.
Le travail des mouches est une affaire de recherche, à vous de varier vos tirées de manières à trouver la bonne vitesse et la bonne animation. Les anglais adorent pêcher au "stripping", c'est à dire en ramenant la mouche le plus vite possible, quitte à coincer la canne en dessous de l'aisselle et à se servir des deux mains dans des gestes amples et rapides.
Sur le fond, j'ai eu de bons résultats en ramenant très lentement le booby, et en tirant plus fermement tous les cinquante cm avant de reprendre lentement. La plupart des touches se produisaient au moment de l'accélération.

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Avril-Mai-Juin: Si les conditions atmosphériques le permettent, vous pouvez dès le mois d'avril tomber sur de bonnes éclosions de buzzers noirs ou olives foncés (ham.14-10). Bewl Water semble se réveiller plus tôt que les plupart des autres réservoirs, et les éclosions peuvent très bien se produire là-bas 15 jours, trois semaines avant Rutland. Le poisson se rapproche alors de la surface et vous ne tardez pas à apercevoir des gobages, parfois en très grand nombre. Il ne faut cependant pas nécessairement attendre les gobages pour s'y mettre. Si vous constatez que votre streamer est attaqué près de la surface, c'est déjà un indice suffisant pour passer en soie sèche. C'est évidemment le moment de prendre son pied sur du matériel nettement plus léger. Longs bas-de-ligne, mouches légères et délicates, touches discrètes ou brutales mais toujours visibles avant d'être ressenties. En avril le numéro de la soie flottante n'a que peu d'importance au regard des truites, mais le vent pourrait vous contraindre à préférer une N° 6. A cette époque, pas besoin de finasser comme dans certains lacs en été. Un buzzer n° 10 non plombé en pointe, un autre N°12 au milieu et une sèche en sauteuse. Adaptez cette dernière au conditions atmosphériques et à la visibilité en passant du "Shipman's Buzzer" noir, par eau calme, au Sedge CDC par grand vent. La sèche sert avant tout  à repérer l'endroit où le train dérive, et le comportement du bas-de-ligne. Un tirée, un arrêt peut vous aider à ferrer avant que le mouvement ne soit transmis sur la soie. Mais ne soyez cependant pas trop surpris si votre sauteuse se fait rageusement gober. Même si la technique utilisée est assez fine, ne descendez cependant pas en dessous du  0,18 en pointe. Les poissons combattent incroyablement bien, et rien ne sert de rallonger la lutte plus que nécessaire.

Mai-Juin: La période pendant laquelle le Loch Style est la technique reine. Utilisez une soie flottante ou intermédiaire pour trouver la bonne couche d'eau, et montez un train de noyées classiques type Dunkeld, Butcher, Soldier palmer. Le choix des mouches est vaste. Le mieux est de se renseigner au lodge pour connaître les meilleures mouches du moment. Lancez les mouches sur un gobage, laisser couler quelques secondes puis ramener les mouches par une longue tirée. Souvent la touche se produira à ce moment là. S'il n'y a pas de gobages dans les environs, visez les couloirs créés par le vent. C'est généralement là que la nourriture qui dérive est rassemblée et les truites le savent pertinemment bien.
Une imitation de nymphe de demoiselle sera souvent une alternative efficace à partir du mois de juin.

 

Juillet-Aout: C'est le temps des daphnies et le poisson en est plus que friand. De nombreux moucheurs locaux tablent sur elles pour débuter leur journée, et balancent un train de trois daphnies au-dessus des herbiers. Ramener très lentement, par des tirées continues entrecoupées de temps de pose et de rirées plus sèches.

Septembre-Octobre: Pour les grosses farios et arcs des grands réservoirs, c'est l'époque des chasses dans les alevins (le "Fry" des Anglais). Et Bewl Water n'échappe pas à la règle. Une seule tactique: Un beau gros streamer imitant un alevin à balancer là où les truites semblent se rassembler pour chasser dans les bancs. Ramener lentement ou pêcher statique, et attendre l'explosion. C'est le temps des prises record, des émotions fortes et des moulinets mélomanes.

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