REMONTEES

Facteurs influençant les retours
Détermination génétique des retours
Les diverses classes de saumons
Importance des retours annuels
Changements dans les cycles de retours
Vitesse des montaisons
Repeuplement
Introduction du saumon COHO dans les rivières européennes

Facteurs influençant les retours

Les saumons adultes reviennent dans leur rivière d’origine pour s’y reproduire.

Ce retour à la rivière d’origine ou « homing » est précis et très général et les divagations ne dépassent pas normalement 1 à 2% .

Les scientifiques ont découvert que c’est l’odorat qui permet au saumon, une fois parvenu à proximité de la côte, de retrouver la rivière ou l’affluent exact où il est né.

Le mystère entoure encore cependant ce qui guide sa navigation en pleine mer pour atteindre le secteur où il pourra détecter cette odeur. Les courants océaniques jouent certainement un rôle important dans cette orientation, peut-être aussi une sensibilité au champ magnétique terrestre.

 

L’âge auquel le saumon entreprend son voyage de retour et l’époque où se place ce dernier dépendent de facteurs nombreux et variables. Les modifications périodiques qui sous l’influence des températures et des courants océaniques agissent sur la richesse et la proximité plus ou moins grande des aires d’engraissement du poisson, déterminent l’âge auquel s’effectue son retour en eau douce.

Lorsque la nourriture marine est abondante et disponible à des distances relativement proches, un nombre important de saumons atteint plus rapidement sa maturité sexuelle et revient pour frayer en tant que grilses d’un poids moyen élevé et inversement.

Les rivières en Grande-Bretagne étant le plus souvent éloignées des lieux d’engraissement du saumon, les changements climatiques modifient de manière sensible la distance où ils se situent, provoquant des montaisons soit précoces, soit tardives. Il est hors de doute également que l’âge auquel le saumon smoltifie influe sur la plus ou moins grande précocité de son retour.

Plus jeune le saumon gagne-t-il l’océan et plus a-t-il aussi tendance à revenir à sa rivière natale comme poisson de 2 ou de 3 ans. Les conditions écologiques propres à chaque rivière jouent également un rôle non négligeable à cet égard. Dans certaines eaux norvégiennes, la puissance même des courants oblige le saumon à n’y revenir qu’après avoir acquis une force musculaire et, partant, un poids considérables.

C’est aussi dans les cours d’eau les plus longs et pour des raisons évidentes que le saumon entreprend le plus tôt son voyage vers ses lointaines frayères.

En Ecosse les rivières issues de grands lacs (Shin, Ness, etc) connaissent des remontées de saumons plus précoces que d’autres ayant cependant le même estuaire mais dépourvues , à leur amont, de grands plans d’eau. Le lac fait office de réservoir thermique et libère des eaux moins froides qui incitent le poisson à les négocier plus tôt. Voilà pourquoi la Spey, en l’absence de grand lac sur son cours, à cause aussi de son débit rapide ne voit pas de montaisons importantes avant avril.

Quant aux retours du saumon, échelonnés du printemps à l’automne, il faudrait y voir un moyen prévu par la nature pour assurer la protection de l’espèce en étalant les risques inhérents à une présence prolongée en eau douce.

Détermination génétique des retours

La théorie selon laquelle le saumon transmettrait héréditairement à sa descendance ses habitudes en ce qui concerne l’époque où se placent ses remontées ne résiste pas à l’examen.

L’étude des mouvements du saumon dans un grand nombre de rivières fait apparaître des changements cycliques importants intervenus au cours des décennies.

Ainsi la Tweed qui connaissait au milieu du siècle dernier des remontées massives de grilses et seulement de faibles montaisons de poissons de printemps et d’automne a vu s’accroître de manière spectaculaire l’importance des retours précoces au cours de la première moitié de ce siècle et de ceux d’automne à partir des années ’50, et ce, au détriment des remontées des pissons d’été. Le scalimétrie a montré aussi que des poissons entrés plusieurs fois en rivière l’ont fait à des époques différentes. Il est dès lors peu vraisemblable qu’un poisson qui change ainsi ses époques de retours puisse transmettre un caractère héréditaire stable sous ce rapport ;

Enfin des repeuplements de rivières à l’aide d’alevins de saumons précoces n’ont jamais occasionné de montée de printemps dans les eaux où celles-ci étaient inconnues ou avaient disparu.

Ce sont en fait les conditions climatiques, géographiques et écologiques propres à chaque rivière qui décident de plus ou moins de précocité des retours.

Les raisons des changements constatés dans les cycles des remontées ne sont pas connues avec certitude mais ont probablement comme cause les modifications périodiques des courants marins et les déplacements correspondants aux aires d’engraissement du poisson.

Les diverses classes de saumons .

Les experts du passé admettaient l’existence de races distinctes chez les saumons qu’ils cataloguaient en fonction des saisons où se plaçaient leurs retours en rivière. Actuellement ce n’est plus l’époque de sa remontée qui décide de la catégorie où ranger le poisson, mais bien la classe d’âge à laquelle il appartient.

La constatation, par l’examen des écailles, que le saumon se nourrit en mer essentiellement d’avril à octobre et très peu durant les mois d’hiver, à servi de base à la classification moderne en saumons de printemps et saumons d’été, les premiers étant ceux dont l’examen des écailles démontre qu’ils ne sont pas nourris en mer l’année de leur retour en eau douce. Dès qu’une marque révèle une telle activité alimentaire, il s’agit alors par définition d’un poisson d’été. En conformité avec cette définition, les soi-disant saumons d’automne ne sont en fait que des saumons d’été tardifs.

Il ne faut pas non plus confondre le grilse (qui n’a séjourné qu’un an en mer) avec le petit saumon de printemps dont le poids ne dépasse parfois pas 2 ou 3 livres, mais dont la scalimétrie révèle qu’il a déjà derrière lui deux hivers passés dans l’océan.

Par contre, le poids d’un grilse, qui varie normalement de 3 à 10 livres, peut atteindre exceptionnellement 12 et même 17 livres, mais ces très gros exemplaires remontent si tard dans la saison qu’il ne se font plus pendre ni à la ligne ni dans les filets et que seules des pêches expérimentales ont pu en révéler l’existence. La taille atteinte par ces derniers est évidemment due à leur séjour prolongé dans l’océan à une époque où la nourriture est la plus abondante.

L’essentiel des montaisons intéresse des poissons ayant un ou deux hivers passés dans l’océan et désignés par les sigles 1 SW ou 2 SW (1 ou 2 sea-winter), ceux ayant 3 années de vie en eau salée ou davantage sont considérés comme des stocks purement résiduels dont l’importance dépend de celle plus ou moins grande des classes précédentes.

Importance des retours annuels.

Une opinion largement répandue dans les ouvrages et les revues de ces dernières années tend à faire croire que les remontées de saumons le long des côtes britanniques sont en régression et que l’espèce est en voie de disparition. La vérité est que de 1962 à 1973 on a constaté d’énormes montaisons de grilses et de saumons d’été qui, par le nombre d’unités, ont dépassé ce qui s’était vu le siècle précédent.

Malheureusement ces remontées n’ont profité qu’aux pêcheurs aux filets car elles se sont produites à une époque où s’est succédée une série d’étés incroyablement secs.

Selon un mémoire présenté en 1971 par le sous-secrétaire d’état à l’agriculture lors de la conférence annuelle de l’association Truite et Saumon, il apparaît que les captures de saumons en Ecosse n’ont pas diminué au cours de la période de 1952 à 1970. Des statistiques pour les périodes antérieures ne sont pas disponibles car ce n’est qu’en 1951 qu’un décret en a rendu la tenue obligatoire pour les propriétaires et les locataires de pêcheries.

Le rapport fait état de la prise de 3.453.671 poissons pour la période de 1952 à 1960 et de 4.294.953 unités de 1961 à 1969. Cet accroissement du taux de captures s’est affirmé en dépit d’une extension des pêcheries commerciales en large des côtes du Groenland à partir de 1960 et de l’apparition de l’U.D.N. en 1964.

Lorsqu’on considère les prises de saumons dans les rivières d’Ecosse, il y a lieu cependant de distinguer entre celles des poissons arrivés à leur complet développement et celles des grilses, ces derniers n’étant pas touchés par les pêches en haute mer.

Il apparaît alors que les prises de saumons de printemps sont en régression dans la proportion de 16% environ (1.853.061 poissons capturés entre 1952 et 1960 contre 1.535.880 de 1960 à 1969) mais par contre celles des grilses connaît un accroissement de près de 41% pour la même période (2.719.073 contre 1.600.610).

La part des pêcheurs à la ligne dans ces captures est respectivement de 15 à 30% des saumons de printemps et de 7% des saumons d’été et des grilses.

Ces chiffres reflètent les conditions climatiques prévalant aux époques respectives où se placent ces captures et il apparaît clairement que cet accroissement des montaisons d’été profite essentiellement aux pêcheurs aux engins.

On a cru devoir attribuer cette diminution des prises de saumons de printemps à la pêche dans les eaux groenlandaises et à l’apparition de l’U.D.N., mais cette tendance s’est manifestée dès les années 1950, avant donc le développement de l’une et de l’autre. Cette régression a d’autre part été plus que compensée par l’apparition dans les eaux écossaises de saumons d’été autres que des grilses. Il a en outre été établi que la majorité des poissons capturés au Groenland sont originaires du continent nord-américain.

Enfin on l’a vu, durant le période comprise entre 1960 et 1970, les remontées de saumons d’été et des grilses ont été énormes, or de toute évidence le nombre de smolts produits par une rivière donnée est limité et ceux-ci ne peuvent revenir dans leur rivière d’origine à la fois comme saumons de printemps et d’été La pénurie des saumons de printemps dans les rivières de Grande-Bretagne n’est donc pas foncièrement imputables aux pêches groenlandaises, mais bien à un changement intervenu dans le cycle des remontées.

Historiquement parlant le niveau des montaisons des saumons dans les rivières d’Ecosse s’est maintenu constamment élevé au cours de ces 30 dernières années si on le compare à celui des deux derniers siècles qui ont connu plusieurs longues périodes où ces retours des saumons étaient pauvres confrontés à la moyenne actuelle.

En conclusion, il est hors de doute que dans l’ensemble les remontées de saumons en Ecosse se soient remarquablement maintenues et que c’est seulement depuis 1975 que l’on constate une régression moyenne de l’ensemble de ces retours et, il faut le souligner, uniquement par comparaison avec les montaisons réellement extraordinaires de la période 1957-1975, qui ne pouvaient de toute évidence se maintenir indéfiniment à un tel niveau.

Cette grande période de grilses qui a permis des captures aux filets été-automne phénoménales le long des côtes septentrionales de l’Ecosse a eu un effet désastreux pour les pêcheries situées au sud des Highlands, tant en Ecosse qu’en Angleterre et au Pays de Galles où les effets combinés de l’U.D.N., d’étés chroniquement secs, des prélèvements d’eau excessifs et du déclin des remontées de printemps si essentielles pour la pêche dans les rivières du sud, ont rendu un sport déjà incertain davantage imprévisible encore !

Changements dans les cycles de retours.

Dans une même rivière, l’étude des remontées fait apparaître au cours des décennies une modification notable des époques où s’effectuent le retour des saumons.

Au milieu du XIXème siècle, peu de rivières connaissaient des remontées de printemps et même dans ces dernières les montaisons d’été et d’automne étaient les plus importantes. Une caractéristique de cette époque était les remontées importantes de grilses.

Ce n’est qu’à partir de la fin de XIXème siècle et le début du XXème que les montées de printemps s’accroissent en même temps que s’observe une diminution parallèle des montaisons de grilses et de saumons d’automne, moindre toutefois en ce qui concerne ces derniers. Cet état de choses dure jusqu’à la fin des années 50 où il pouvait se prendre en février 10 à 20 poissons par jour dans la Hemsdale et dans la Tweed.

Une telle situation ne se reproduira plus avant longtemps car le saumon paraît décidé à en revenir à des anciennes habitudes.

Actuellement nous retrouvons une situation identique à celle su milieu du siècle précédent avec de fortes remontées de grilses, des montaisons d’automne et une pêche de printemps limitée à certaines rivières parmi les plus importantes ou à celles d’Ecosse qui de tout temps ont connu des remontées précoces.

Ce phénomène s’expliquerait par le refroidissement de la température des mers boréales qui aurait entraîné vers le sud le déplacement de toute l’écologie arctique. Avec le raccourcissement des distances qui les séparent des aires d’engraissement, les poissons « grands voyageurs » , c’est à dire les saumons de 2 à 3 hivers, se seraient mués en poissons « à trajet court » autrement dit des grilses ayant passé un seul hiver en eau salée. Le nouveau cycle des montaisons tardives serait donc dû à la richesse et à la proximité relative des zones de nourrissement qui permettraient au saumon de retourner en tant que grilse.

Les statistiques montrent en effet que le déclin du retour de printemps est presque exactement compensé par un accroissement correspondant des montaisons tardives.

Vitesse des montaisons.

Dans les années 1980, des hivers peu rigoureux et des printemps doux ont incité le saumon à remonter très rapidement le cours des rivières.

Cette tendance affecte aujourd’hui bon nombre de « beats » des parties basses de maintes rivières célèbres, autrefois réputées pour la pêche de printemps.

C’est ainsi que les parcours situés à l’amont immédiat de Coldstream dans la Tweed, le Delfur dans la Spey, Red Gorton et Scone dans la Tay et Upper Drum dans la Dee, ont vu le nombre de leurs captures diminuer de manière considérable.

Dans la Spey on trouve maintenant des poissons de printemps couverts de poux de mer à Grantown, en avril, à quelques 50kms. De l’embouchure. Il semble aussi que dans la Tay, la Tweed et la Spey, les remontées massives du passé aient fait place à des montaisons échelonnées par des petits groupes de 6 à 10 individus. Ces derniers seraient beaucoup plus mordeurs que ceux voyageant en bancs plus importants car moins pressés par la masse à pousser de l’avant.

Aussi le pêcheur a-t-il intérêt à surveiller la queue des pools afin d’y détecter tout signe de l’arrivée de poissons frais. Dès que ceux-ci se sont manifestés il faut se rendre sans délai en tête du pool et pêcher les postes en bordure du courant principal.

De tout ce qui précède il apparaît que le pêcheur de saumon moderne, dans les Highlands, assez avisé pour avoir changé à temps le choix de ses « beats » et le moment où les pêcher pour l’adapter aux changements intervenus dans les habitudes du poisson, ne devrait plus vraiment connaître de mauvaise saison.

Repeuplement.

Les faits ont démontré que la propagation artificielle de saumon n’avait aucune supériorité sur la reproduction naturelle et qu’elle ne pouvait être entreprise sur une échelle suffisamment large pour produire des effets significatifs dans les rivières où existe un stock suffisant de géniteurs et le libre accès à des frayères convenables.

Sans doute, la production artificielle d’œufs de saumons, bien conduite, peut donner 20 fois plus de poissons adultes que la fraye naturelle, mais les conditions de l’élevage et du lâcher des jeunes poissons sont essentielles à la réussite de l’opération. Il y a en effet des limites à cette production qui ne sauraient être franchies et la « capacité d’accueil » d’une rivière ne peut être dépassé sans que les mortalités d’alevins ne deviennent très importantes (sous- alimentation, compétition spatiale, etc..).

L’introduction de 250.000 alevins dans une rivière semble impressionnante, mais si l’on tient compte de la mortalité subséquente en eau douce, puis en mer, le résultat de l’opération se chiffre par la production de quelque 50 saumons adultes, ce qui n’a qu’un effet insignifiant, hormis dans les très petites rivières (0,02%).

La production artificielle d’alevins de saumons n’a donc d’utilité que dans des circonstances bien particulières telles l’absence de frayères naturelles, pour réensemencer un cours d’eau où une longue période de pollution a chassé le poisson, pour remplacer enfin un stock de poissons accidentellement détruit.

Dans les îles britanniques la plupart des rivières à saumons sont visitées par un nombre plus que largement suffisant de géniteurs aussi serait-il vain de chercher à accroître le nombre des alevins produits qui excède en général la capacité d’accueil de la rivière. Néanmoins, là où l’introduction artificielle du saumon s’avérerait nécessaire, un repeuplement à l’aide de smolts est bien plus rentable que celui effectué à partir d’œufs ou d’alevins, ainsi que l’ont démontré les expériences faites en Islande et en Suède, où des retours de l’ordre de 3%, voire même exceptionnellement de 17% dans ce dernier pays, ont été enregistrés.

Toutefois, pour repeupler avec succès, il faut aussi choisir une population de jeunes sujets en fonction de sa proximité génétique et si possible géographique avec celle de la couche autochtone.

Introduction du saumon COHO dans les rivières européennes.

Les récents succès de l’élevage en pisciculture du saumon du Pacifique Coho et de son introduction dans certaines eaux américaines d’où le saumon atlantique avait disparu depuis des décennies et où les efforts d’une nouvelle implantation avaient échoués, ont conduits à des essais d’acclimatation de cette espèce dans l’une et l’autre rivière de Grande-Bretagne.

Le but poursuivi est essentiellement commercial. En effet l’alevin du Coho smoltifie à moins de 9 mois alors qu’il en faut de 12 à 36 à son cousin atlantique pour atteindre ce stade. Comme le plus fort grossissement du saumon a lieu dans l’océan, il paraît donc avantageux d’abréger au maximum ce séjour des tacons en eau douce et de bénéficier ainsi d’un apport accéléré de protéines dont le monde moderne a le plus grand besoin.

En outre, la nourriture disponible dans une rivière donnée permettrait d’élever un nombre beaucoup plus élevé d’alevins Coho que de saumons atlantiques, puisque les premiers y séjournent moins longtemps. Cette opération ne va cependant pas sans un risque d’inconvénients graves du point de vue du pêcheur sportif.

Il existe tout d’abord un danger toujours possible de voir le Coho remonter une autre rivière que celle à l’estuaire de laquelle il a été lâché et venir coloniser celle-ci au détriment de la population des saumons atlantiques autochtones. Le Coho mieux adapté à la lutte pour l’existence devrait, à la longue, éliminer totalement le saumon atlantique des eaux où les espèces viendraient à cohabiter. Les tacons du Coho disputeraient à la progéniture du saumon atlantique le nourriture disponible et, du fait de leur croissance plus rapide, s’en approprieraient la plus grande part.

Cette inquiétude des pêcheurs britanniques se comprend d’autant mieux que le Coho ne présente qu’un intérêt des plus médiocres pour le pêcheur sportif. En effet, si les saumons atlantiques remontent leurs rivières bien des mois avant d’être prêts à la reproduction, offrant ainsi un sport continu durant tout leur séjour en rivière, les Cohos eux, entrent en eau douce alors qu’ils sont déjà gravides et leur remontée vers les frayères est aussi rapide que possible, ce qui ne laisse pour les pêcher qu’un laps de temps très court. De plus, ils meurent immédiatement après l’acte de reproduction.

Leur valeur sportive et culinaire serait aussi des plus médiocres car au moment de leur capture ils seraient déjà très proches de la fraye et très rouges et la qualité de leur chair à peine supérieure à celle des vieux saumons atlantiques d’arrière saison ayant derrière eux une longue présence en rivière.

Enfin, avec de fortes concentrations de Cohos le long des côtes, le danger existe de voir les pêcheurs aux engins reprocher à ceux pratiquant à la ligne de ne pouvoir, seuls, exploiter rationnellement cette richesse et réclamer de ce fait une extension de leurs droits de pêche aux filets qui cessent traditionnellement en septembre, à l’époque où se situe précisément le plus gros des remontées de Cohos.

Au cours de ces dernières années cependant, en même temps que se pratiquait l’introduction du Coho dans certaines rivières, se développaient de manière considérable de nouvelles méthodes destinées à accroître la production du saumon atlantique, telles que le « sea farming » et le « sea ranching ».

Dans le « sea farming », à vocation essentiellement commerciale, le smolt ou jeune saumon est placé en cage, en milieu marin, et nourri artificiellement jusqu’à ce qu’il ait atteint un poids de 2 à 4 kg. La méthode est coûteuse et demande un équipement important mais elle permet un contrôle absolu des sujets pendant toute leur croissance.

Le « sea ranching » ou parcage en mer consiste à lâcher en mer des smolts artificiellement produits afin qu’ils s’engraissent dans l’océan jusqu’à leur retour au site du lâcher où ils pourront être capturés par des moyens variés. Les taux de retours varient de 1 à 28% selon les taux d’exploitation en mer, le taux des captures aux engins à l’embouchure des rivières ou à la ligne fluctue entre 5 et 51% (en Baltique).