La pêche à la mouche noyée 

par Olivier Degeorge

Technique trop difficile pour les uns, rudimentaire et monotone pour les autres. Personnellement, je la trouve amusante et efficace. Je ne suis pourtant pas un inconditionnel de ce mode de pêche, je pratique la mouche sèche autant que possible et éprouve le plus grand plaisir à voir un ombre saisir une de mes nymphes.

 La mouche noyée en dérive aval

On a longtemps décrit la pêche à la mouche noyée de la manière suivante : Au moyen d’une canne de préférence longue, vous lancez une soie lourde et un train de trois mouches en travers de la rivière. Vous laissez dériver la soie jusque contre votre rive et si aucune attaque n’est intervenue, vous recommencez le même scénario quelques mètres en aval.

La noyée n’est pas une pêche simple.

Présenté ainsi, ce mode de pêche apparaît comme bien simple et monotone, je l’avoue. Les pêcheurs de noyée vous diront que la réalité est tout autre. Cette pêche s’apparente à la chasse. Il faut traquer la truite, aller la chercher sous les racines, dans le creux de la berge, derrière une pierre. Aucun n’indice ne sera là pour vous aider, pas de moucheronnage, et vous ne verrez probablement pas le poisson. Vous le devinerez peut-être, mais je n’essayerai pas de vous venter les dons d’extralucide des pêcheurs de noyée. Le sens de l’eau et la connaissance de la rivière prennent ici leur pleine mesure. Il faudra faire passer les mouches le plus près possible du poste des truites, s’assurer qu’elles naviguent à une bonne profondeur, et les travailler, leur donner une apparence de vie. La noyée, c’est vraiment une pêche en trois dimensions !

La technique de la mouche noyée

Bien pêcher à la mouche noyée est difficile et va demander de la pratique et de la persévérance. Il ne va plus falloir "peigner" la rivière mais la "gratter". Aller chercher la truite dans sa cache, et la convaincre d’attaquer votre mouche. Attitude fort différente et bien plus fatiguante pour un poisson que celle d’ouvrir sa gueule pour saisir une nymphe qui dérive au fil de l’eau.

 La technique de pêche s’acquiert rapidement. J’utilise le même matériel que pour la mouche sèche (canne 9 pieds - carbone - action de pointe), une soie intermédiaire ou une sinking tip en fonction de l’état de la rivière et un bas de ligne garni de trois mouches. La taille et la plombée des mouches dépendront de l’état de la rivière, de la profondeur que l’on désire prospecter, de la température de l’eau, de l’humeur des truites et de celle du pêcheur. Des lancers courts et un mouvement de rotation du poignet vers l’amont vous permettront de replacer le ventre de la soie dans le courant avec deux avantages notables: vos mouches passeront avant la soie au niveau du poisson et leur dérive sera moins rapide.

 A partir de ces principes de base, il faut acquérir des automatismes pour guider et diriger la soie et les mouches. De nombreux trucs seront nécessaires afin d’éviter les perruques et les obstacles immergés, de faire plonger les larves au niveau du poisson, de couvrir le maximum de rivière... Une truite de bonne composition hésite rarement devant une larve qui passe à sa portée.
En noyée, il n’est pas nécessaire de rester des heures sur un poste, je préfère de loin la pêche itinérante. Celle-ci consiste à pêcher méthodiquement chaque poste à truites, en m’assurant que mes mouches passent au moins une fois à la bonne profondeur, dans de bonnes conditions. Puis, sans insister plus longtemps, je passe au coup suivant. 

La pêche à la mouche noyée est une pêche amusante.

Il est très agréable de traquer les truites et d’aller les chercher au plus profond de leur cache. Il faut parfois un certain doigté pour sentir la touche, deviner un poisson qui suit le train de mouche et ferrer à bon escient. Parfois l’attaque est spectaculaire, la truite viendra chercher violemment la mouche en surface et vous serez surpris par le beau "gobage". Il vous arrivera aussi de suivre avec plaisir cette truite à la poursuite de votre train de mouche, attention à vos nerfs... Bien des notions d’entomologie sont liées à ce mode de pêche. Les belles éphémères, les sympathiques tricoptères et autres plécoptères que nous imitons sous leur forme ailée ont une vie aquatique complexe et longue. Ouvrez les yeux, penchez-vous sur votre rivière, retournez quelques galets et vous serez émerveillés. 

La pêche à la mouche noyée est une pêche efficace.

Doit-on pêcher à la mouche sèche lorsque le poisson se gave de larves ? Je pense que le bon pêcheur doit savoir s’adapter aux conditions de pêche, et aller chercher le poisson où il se trouve. Sans conteste pêches de début de saison, la noyée et la nymphe sont aussi bien agréables sans activité majeure sur la rivière, n’oubliez pas que les poissons se nourissent 80% du temps sous
l'eau...

 J’espère que ces quelques lignes vous ont aidé à comprendre ce que peut être la pêche à la mouche noyée. Peut-être l’essayerez-vous dès la prochaine ouverture...

 Alors bonne pêche...

 Détails Techniques

Canne De préférence longue (9 pieds ou plus), elle doit pouvoir guider la soie de la manière la plus précise possible. Une longue canne vous aide à éviter les obstacles immergés, les branches et à vous éloigner des berges. 
Soie Intermédiaire, sinking tip ou sinking en fonction de l’état de la rivière ou de la profondeur à atteindre. 
Bas de ligne 55 cm de 50 centièmes
45 cm de 40 centièmes
35 cm de 36 centièmes
30 cm de 30 centièmes
28 cm de 26 centièmes (+ sauteuse en 26 centièmes)
45 cm de 22 centièmes (+ sauteuse en 22 centièmes)
55 cm de 18 centièmes 

(par eaux claires, j’ajoute un brin supplémentaire de 55 cm de 14 centièmes, et les sauteuses sont fixées au nylon de diamètre inférieur)

Ma boîte à mouche Larves montées à l’espagnole
Imitation de gammares (la crevette d’eau douce)

p.ex : Corps en dubbing cerclé tinsel, quelques fibres de faisaon recouvrent tout le corps et sont fixées près de la courbure pour former une petite queue.

  Imitation de larves de tricoptères

p.ex : Corps jaune sale, petite tête en oreille de lièvre

  Imitation de larves d’éphéméridés (mouche de Mai)

p.ex : Quelques cerques, long corps en dubbing jaune clair cerclé tinsel, sac alaire en faisaon foncé et hackles de perdix.

  Imitation d’ autres larves d’éphémères

p.ex : Corps en dubbing (différentes teintes) de forme trapue, cerclé tinsel, quelques cerques et hackles de perdix.

  Petits Streamers

p.ex : Tag rouge, Corps en Tinsel argent, plombé, écureuil sur le dos et quelques fibres blanches comme bavette)

Les grandes mouches noyées  
  La March Brown
  La Palareta
  L’olive scud
  Oreille de lièvre
  Peter Ross
  Silver & Black
  Teal & Black
  La Butcher
  La Craddock