LE SAUMON ET LA MOUCHE

La pêche à la mouche au printemps
La pêche à la mouche en été
La pêche à la mouche en automne
Prise ou refus de la mouche
Pêche d'un pool en remontant
Le ferrage
Le travail du poisson.
L’épuisage
La pêche à deux mouches
La pêche en lac
Les tenues du saumon
Les mouches
Les hameçons
Les soies à mouche
Température de l'eau et comportement du poisson

 

Plutôt que de se demander pourquoi le saumon refuse notre mouche, on pourrait s’étonner qu’il la prenne jamais ! Pourquoi en effet un poisson qui ne se nourrit pas en rivière et est souvent appelé à y connaître un jeûne plusieurs mois durant, gaspille-t-il son énergie à s’emparer d’un objet sans valeur pour lui et en somme peu différent des débris que charrie journellement le courant sans qu’il s’y intéresse ?

Une cuiller, un devon, papillonne, lance des éclairs, émet des vibrations, des pulsations, bref, autant de stimuli sonores et lumineux auxquels on conçoit que réponde le poisson. Mais quoi de plus discret, de plus effacé, de banal, qu’une mouche !

Les pêcheurs de l’époque victorienne croyaient à la magie des couleurs et comptaient beaucoup sur leur savant agencement pour attirer l’attention du saumon et éveiller son désir de s’emparer du leurre. L’expérience a démontré qu’une mouche sombre, voire complètement noire, est tout aussi prenante qu’une autre toute colorée. Si ce n’est sa couleur, c’est alors son allure dans l’eau qui déciderait le poisson à s’en saisir.

Pour être prise, une mouche devrait donc avoir un comportement qui la distingue des autres objets auxquels le poisson est habitué sans pour autant éveiller sa méfiance ou sa crainte.

Dès lors il appartient au pêcheur d’imprimer à son leurre une allure qui le rende attractif et ce n’est que dans ce cas que le saumon déciderait de s’en saisir. Une dérive naturelle de la mouche, à la même vitesse du courant, ne paraît donc pas devoir être l’idéal. Il est frappant du reste de constater que la touche se produit le plus souvent au moment précis de la dérive où, contrariée dans sa course, la mouche accélère l’allure tout en changeant de direction pour se rapprocher du bord. C’est aussi pourquoi une mouche légère, subissant un maximum l’action des courants, serait supérieure à un modèle lourd et trapu.

 

LA PECHE A LA MOUCHE AU PRINTEMPS.

En début de saison le pêcheur à la mouche se trouvera quasi toujours en minorité dans les eaux où les autres méthodes de pêche sont autorisées. Cela ne signifie nullement que cette méthode soit moins efficace, mais seulement plus difficile à pratiquer correctement.

La pêche à la mouche profondément immergée a été celle des générations qui nous ont précédé ; elle a permis la capture de centaines de milliers de saumons et si elle est moins en faveur de nos jours c’est que peu de pêcheurs sont encore capables de lancer les 30 ou 35 yards de ligne nécessaires à la prospection efficace des grandes rivières.

Combien d’entre eux pratiquent le « spey-cast », indispensable pour atteindre ces distances lorsque des obstacles se dressent à l’arrière ? L’existence des tube-flies et des lignes plongeantes modernes devrait remettre cette pêche à l’honneur de même que les cannes légères en carbone ou des longueurs de 15, 16 pieds ou plus ne constituent plus un obstacle à son exercice.

Les soies plongeantes modernes de par leur forte densité et leur faible diamètre, de par leur meilleure « glisse » aussi, ont considérablement accru l’aisance et l’efficacité des lancers ; elles pêchent aussi plus profondément que les anciennes lignes en soie véritable. Même avec des cannes peu puissante de 12 ou de 13 pieds, le poids de la ligne lancée est encore suffisant pour pêcher assez profondément lorsque la température des eaux est inférieure à 8°.

Dans les grandes rivières rapides comme la Dee et la Spey, la difficulté en début de saison est d’amener la mouche suffisamment lentement devant le poisson pour l’inciter à prendre. Les soies modernes le permettent.

Si l’on sait qu’une mouche pêchée lentement a le même pouvoir d’attraction qu’une autre de taille plus grande se déplaçant plus vite, on comprend mieux, à une époque où n’existaient pas encore les soie à forte densité, qu’un expert comme Waddington qui pêcha beaucoup ces rivières, recommandait l’emploi de mouches dont la taille ne devait pas être inférieures à 3 inches ou 8/0, alors que Balfour Kinnear pratiquant aussi ces mêmes rivières, n’en employa jamais d’une taille supérieure à 5/0 qu’il estimait d’ailleurs exceptionnellement forte. Mais ce dernier pêchait en barque et pouvait de ce fait présenter sa mouche au poisson sous un angle beaucoup plus aigu et même la maintenir pratiquement stationnaire dans le courant.

Pour lancer loin avec des lignes à immersion profonde, la canne sera choisie la plus longue qu’il sera physiquement possible de manoeuvrer. Sauf en petite rivière, les 15 ou 16 pieds seront à préférer ; plus longue et plus puissante sera la canne, plus longs et moins fatiguants aussi seront les lancers.

Il ne faut perdre de vue non plus que la période où la « sinking line » est de rigueur, est aussi celle des vents violents !

Pour la prospection commode des grandes rivières, la meilleur ligne, c’est à dire celle permettant à la fois les lancers les plus aisés et les plus longs, sera constituée par les 10 ou 12 premiers mètres d'une « sinking line » raccordés par un noeud « aiguille » à une backing en nylon monobrin, de section ovale d’une résistance d’environ 30lb. Une telle portion de soie peut être facilement arrachée de l’eau et une grande longueur de nylon sera ainsi « shootée ».

Contrôler les spires de nylon n’est pas toujours facile, surtout en wading ; une bonne méthode consiste à coincer sous les différents doigts de la main gauche un bout de nylon sur 5 et à laisser filer le tout au moment du lancer avant.

Pour qui pêche en entrant à l’eau, la partie mince et parallèle d’une soie décentrée classique, plus docile, est néanmoins plus commode à manipuler, surtout si elle est flottante. Mais il ne faudra pas se faire d’illusion, cette commodité s’obtiendra au détriment de la distance. Comme il est totalement exclu de redresser la ligne en cours de dérive, il faut s’efforcer d’effectuer un lancer aussi rectiligne que possible, ne présentant pas de courbe vers l’aval. A défaut d’une ligne plongeante, on pourra lester la soie ou le bas de ligne à l’aide de quelques tours de fusible de plomb, mais cette manière de faire ne sera jamais qu’un expédient réservé à la pêche en petite rivière de faible profondeur.

Pour un pêcheur droitier, opérant de la rive gauche, et ayant à lancer une mouche vraiment lourde (aux alentours de 8grs.), la main gauche devra être placée aussi bas que possible sur le talon de la canne et la droite un bon mètre au dessus. La mouche doit être envoyée à 6m. de hauteur lors du lancer arrière, bien en amont de soi et légèrement en dehors de l’axe passant entre les pieds. La mouche, au cours de l’arraché, passe devant le lanceur comme lors du « Spey-cast », mais en l’air et plus vite. L’arraché débute les bras tendus, la main droite bien au dessus du niveau de l’épaule et se continue avec une rotation souple des épaules s’étendant aux hanches et aux jambes.

Opérant de la rive droite, le lancer sera exécuté au dessus de la berge sauf si un obstacle situé dans le dos du pêcheur devait s’y opposer, au quel cas il faudrait inverser la positions des mains et effectuer le lancer arrière vers l’amont, exactement de la même manière que de la rive gauche.

En aucun cas ne tenter un lancer avant tant que la ligne n’est pas parfaitement étendue à l’arrière !

Le lancer vers l’avant peut présenter une certaine difficulté selon que l’on désire placer la mouche plus ou moins perpendiculairement par rapport à l’axe du courant et s’il s’agit d’atteindre une grande distance il peut être nécessaire d’effectuer un posé intermédiaire de la mouche sur l’eau avant d’exécuter le jet final. Néanmoins le rythme est rapidement acquis si l’on prend soin de suivre constamment la mouche des yeux.

Sauf par eux très fortes, une mouche lourdement plombée est à proscrire car elle pêche mal ; sa nage est oblique car elle est sans vie dans le courant, accroche le fond et harponne le poisson.

Après tout, dans le passé il s’est pris des centaines de milliers de saumon alors que n’existaient ni mes « sinking lines », ni les « mouches devon » !

Dans les cours d’eau de faible largeur, des tubes de 1 ½ à 2 inch. De long ou des mouches dans les tailles 1/0 à 3/0 sont suffisantes dans des conditions normales, car il est possible, même en pêchant du bord, de les faire dériver lentement au dessus des postes occupés par le poisson en se servant d’une canne de 14 pieds et d’une soie plongeante. Bien entendu, des eaux très froides ou troubles peuvent exiger l’emploi de mouches de plus forte taille.

Tant que la température de l’air reste froide en avril ou même en mai, il est inutile de pêcher en ligne flottante même si les eaux ont atteint le seuil des 8° (sauf bien entendu si la profondeur de l’eau permet de faire évoluer la mouche à moins de 30cms. Du fond).

Par temps de gel, pour empêcher la glace de se former dans les anneaux de la canne à mouche, il suffit de lancer toujours la même longueur de ligne, c’est le rappel de la soie mouillée dans les anneaux qui y amène les fines gouttelettes qui s’y figent.

 

PECHE A LA MOUCHE EN ETE.

Avec l’élévation des températures de l’air et de l’eau , le saumon s’intéresse de plus en plus à des leurres présentés à proximité de la surface, d’où l’emploi généralisé à ce moment de mouches de taille de plus en plus faible, partant plus légères.

En été, la mouche peut aussi être pêchée plus vite qu’en début de saison. Si la température n’est pas trop élevée, le saumon à cette époque est plus vif et plus éveillé qu’au tout début du printemps ; il se déplace aussi plus volontiers pour s’emparer d’une mouche qui ne lui passe pas à proximité immédiate.

En fait, lorsque rien ne semble donner, il peut même être avantageux d’accélérer cette dérive de la mouche. Il faut pour ce faire lancer selon un angle plus ouvert, voire même perpendiculairement à l’axe du courant ; on peut aussi former dans la ligne une boucle convexe dirigée vers l’aval ou enfin récupérer la soie à la main.

Une mouche comme la General Practitioner ou toute autre aux hackles s’étendant bien en arrière de l’hameçon, récupérée par « bonds » rapides de 1m50, peut alors se révéler très meurtrière. Les parties calmes de la rivière pourront elles aussi être essayées avec des chances de succès en utilisant une telle mouche montée sur hameçon n°1 par exemple.

Ce type de mouche, aperçu de fort loin par le poisson, permet d’espacer très largement les lancers et d’explorer rapidement un pool. Pareille méthode, si elle est fatiguante, a cependant le mérite de faire se manifester le poisson là où une absence de mouvement en surface pourrait faire douter de sa présence.

Lorsque le poisson semble bouder la mouche dérivant près de la surface en ligne flottante(quand la température de l’air est plus froide que celle de l’eau par exemple), il peut aussi être intéressant d’essayer de le tenter en la lui présentant, bien immergée, au bout d’une ligne plongeante. Après tout, avant l’apparition de la méthode dite de la « ligne graissée », tous les saumons se prenaient sur ligne immergée exclusivement, quelle que fut la période de l’année et des centaines de milliers de saumons ont été pris de cette manière dans le passé.

C’est un fait que le saumon d’été prend souvent avec avidité une mouche profondément immergée qui dérive rapidement sur ses tenues et tel était le secret de l’extraordinaire réussite de Robert Pashley sur la Wye, détenteur du record britannique des saumons pris à la ligne avec plus de 10.000 poissons !

On lancera de préférence une ligne longue et on laissera couler la mouche quelques instants, puis on récupérera aussi rapidement que possible jusque dans son bord, en disposant la soie à ses pieds ou en spires dans la main. Le poisson suit souvent la mouche jusque dans les pieds, aussi importe-t-il de n’arrêter à aucun moment la récupération de la ligne. Cette pêche est à tenter avec de petites mouches, lorsqu’à la suite d’une sécheresse persistante, le poisson est devenu presque imprenable. Mais cette pêche en « sinking line » peut être également essayée en n’importe quelle saison, par exemple lorsque la rivière est quelque peu montée ou quand la température de l'air est plus fraîche que celle de l’eau. Même au mois de juillet, par eaux fortes et noires de tourbe, une mouche alors de grande taille, pêchée à l’aide d’une ligne plongeante peut donner de remarquables résultats, sur la Spey notamment.

Par eaux basses et soleil éclatant, lorsque les conditions sont devenues apparemment sans espoir, on peut encore essayer la mouche flottante ou mieux encore la mouche « glissée.

Pour la mouche flottante on se servira d’une canne de 9 pieds et d’une soie légère, le bas de ligne sera terminé par une pointe de 25/100. La température des eaux devra obligatoirement atteindre 16% au minimum et celle de l’air doit lui être supérieure. Les places idéales à prospecter sont celles, peu profondes, où l’eau coule lisse et uniforme et où il est possible d’attaquer le poisson à vue, ce qui est essentiel, les meilleures se situent en queue des pools. Il faut attaquer individuellement chaque poisson et la mouche posée à 1m. ou en amont devra passer exactement au dessus de lui.

En général, le saumon ne monte pas d’une grande profondeur, ni ne se déplace volontiers latéralement pour se saisir de l’artificielle. Plus les eaux sont basses, plus le soleil brille et plus grosse aussi doit être la mouche utilisée, sans doute pour éveiller l’attention d’un poisson semi léthargique !

Le pêcheur prendra le plus souvent position en aval de son adversaire et devra s’efforcer au maximum de dissimuler le bas de ligne à sa vue. Ce dernier point est considéré comme un facteur déterminant de succès et pour y parvenir on pratiquera toutes les formes possibles du lancer courbe. La mouche doit aussi se présenter parfaitement flottante, semi-immergée elle ne serait quasiment jamais prise.

Contrairement à ce qui se passe avec la mouche noyée où le premier passage de l’artificielle est souvent le meilleur, l’intérêt du saumon pour une mouche sèche paraît augmenter avec le nombre des présentations et il arrive d’en piquer certains après une heure d’efforts ! Inutile cependant d’insister si le poisson est effarouché, ce qui se reconnaît à un ralentissement du mouvement des nageoires et de la queue ou à un enfoncement plus marqué vers le fond. Une accélération de la nage ou un redressement du corps au passage de l’artificielle indiquent au contraire une presque certitude de le faire mordre !

Si l’on garde un contrôle correct, sans tirailler la mouche lors de sa dérive ni laisser un mou trop important se former dans la soie, le ferrage ne devra jamais être précipité.

Le saumon est un gros poisson et sa montée à la mouche s’accompagne d’un remous puissant ce qui amène le pêcheur non entraîné à ferrer beaucoup trop tôt sous le coup de l’émotion.

Le saumon qui s’empare de la mouche la garde en bouche sur une distance de plusieurs pieds avant de la recracher et ce n’est que lorsqu’il monte à la verticale d’une grande profondeur qu’il y a lieu de se hâter; le remous aperçu alors en surface est celui provoqué par la queue du poisson lorsqu’il regagne le fond.

Quoiqu’on fasse , piquer un saumon à la mouche flottante est difficile et la proportion des ratés toujours élevée ; si le pêcheur réussit à capturer un poisson sur six, il devra s’estimer satisfait! Le travail d’un saumon sur ligne fine exige une tenue verticale de la canne afin d’exercer le minimum de pression compatible avec la faible résistance des pointes utilisées et de bénéficier du pouvoir amortisseur maximum d’un scion suffisamment souple.

Les mouches à employer seront du type «palmer», sans corps particulier, au hackle enroulé sur toute sa longueur de la hampe et sans ailes. Les teintes grises et rousses sont seules estimées nécessaires. Ces modèles seront montés sur hameçon fin de fer du type Pennel-Limerick dans des tailles allant du 4 au 10; le diamètre de la collerette de hackles variera entre 12 et 36 mm.

Dans ces mêmes conditions difficiles on peut aussi pêcher l’eau en descendant, à l’aide de la méthode dite de la « mouche glissée » ou « riffling hitch » (littéralement « demi clef à draguer »). La méthode consiste à faire, à l’aide du bas de ligne, une demi-clef derrière la tête de manière à faire « déraper » celle-ci à la surface de l’eau au cours de sa dérive au lieu qu’elle s’y enfonce. La façon d’effectuer le noeud est importante; le nylon doit être fixé de manière à émerger de dessous l’oeillet de la mouche en sorte que les hameçons, tant simples que doubles, aient une nage correcte, les pointes dirigées vers le bas.

Dans sa rivière d’origine ( la Portland Creek à Terre-Neuve), cette méthode est nettement supérieure à toute autre et ses succès et ses succès se sont étendus à bon nombre de cours d’eau du continent américain et d’ailleurs.

En utilisant cette méthode, on apprend vite à apprécier la vitesse de dérive correcte; trop lente, la mouche coule, trop rapide elle projette des éclaboussures. Dans un cas comme dans l’autre, le saumon ne s’y intéresse pas. Pêchant de cette manière, les poisson est accroché et maintenu aussi sûrement que de la façon conventionnelle. La mouche ainsi nouée a une dérive plus rapide que la normale et le saumon pour la prendre doit s’élancer vers elle, ce qu’il fait, s’il est gros, en poussant devant lui une vague que le pêcheur n’est pas près d’oublier!

Mais quoiqu’on fasse, il est bon de se rappeler que ce qui importe avant tout l’été c’est de pêcher aux heures propices! Les meilleurs moments se situent aux heures extrêmes de la journée; entre une demi-heure avant et deux ou trois heures après le lever du soleil, puis à nouveau de son coucher à une heure ou davantage après celui-ci, pour autant que le brouillard ne tombe pas sur l’eau. Le coup du soir est bon car ce moment se rapproche de celui où les poissons se remettent en route; les saumons sortent de leur apathie et se déplacent, les uns vers la tête du pool, les autres entrant en queue. Or, on le sait, ce n’est pas le poisson installé dans un pool qui est le plus mordeur, mais bien celui qui est fraîchement arrivé et si l’on a pu prétendre que le saumon engagé dans sa remontée n’est pas mordeur, c’est qu’il se déplace souvent trop rapidement pour remarquer le leurre.

Une bonne connaissance des endroits, du reste toujours les mêmes, où le poisson s’arrête pour « souffler », ne fut ce que quelques instants, augmente considérablement les chances de le prendre. Du saumon peut être capturé toute la nuit encore que les heures du petit matin soient particulièrement propices après que le poisson ait été laissé en repos. A ce moment, la température et l’oxygénation des eaux sont aussi plus favorables que celles de la journée! Il ne paraît pas indispensable de pêcher une mouche plus grande la nuit, mais il convient de le faire plus lentement.

Dans les eaux basses et chaudes de l’été, l’apparition des grilses est la bienvenue. Leur capture est plus amusante que celle des truites de mer car leur poids moyen, qui varie de 4 à 8lb. Est très supérieur à celui de ces dernières qui d’ailleurs à taille égales possèdent une moindre réserve de puissance et en outre ne mordent bien que la nuit.

Ces grilses donnent souvent un sport plus excitant que celui offert par un saumon de poids beaucoup plus élevé, étant généralement capturés en eau rapide. Ils affectionnent les courants vifs et même écumants, parfois si peu profonds qu’ils paraissent ne pouvoir abriter aucun poisson. Ils prennent très bien la mouche et une canne de 10 à 11 pieds d’action douce, une soie légère, un fin bas de ligne de 3m60 et de petites mouches très peu fournies constituent l’équipement idéal pour les pêcher.

La mouche doit être maintenue près de la surface et le dragage incite parfois le poisson à l’attaquer. On enregistre assez bien de « tirées », mais aussi de nombreux ratés. Le grilse demande à être travaillé sans brutalité, sa gueule étant plus tendre encore que celui de la truite de mer.

En septembre, avec les nuits devenues plus longues, la température des eaux s’abaisse et les conditions de l’environnement s’améliorent pour les poisson. On constate un renouveau d’activité chez le saumon, même chez ceux qui ont une présence prolongée eu eau douce, il est des jours où les vieux poissons qui ont pourtant vu défiler tous les leurres semblent perdre toute prudence. Avec l’approche de la fraye, les mâles en particulier, devenus agressifs pourront, en certaines occasions, attaquer n’importe quel leurre passant à leur portée. C’est l’époque aussi où se rencontrent déjà un plus grand nombre de poissons colorés que de poissons frais.

A ce moment, le poisson se manifeste fréquemment en surface et si aucun saumon ne se montre dans un pool, il est à craindre que celui-ci soit peu peuplé, ou même pas du tout !

Cependant, si de trop nombreux saumons devaient faire ainsi surface dans un pool, il y a de fortes chances pour qu’ils ne soient pas mordeurs, occupés qu’ils sont alors à se disputer les meilleurs emplacements. Mieux vaut dans ce cas essayer des endroits où la densité du poisson est moindre.

PECHE A LA MOUCHE EN AUTOMNE.

En octobre le saumon en général ne vaut plus la peine d’être capturé sauf dans certaines rivières bien définies.

La plupart abritent à ce moment une masse de poissons qui y sont depuis le printemps ou le milieu de l’été et qui sont alors rouges, amaigris et sans valeur sportive ou culinaire.

Certaines rivières connaissent cependant des remontées de vrais saumons d’automne et les premières crues d’octobre y amènent quelques magnifiques poissons fraîchement issus de l’océan.

Pour avoir une chance d’en capturer, le pêcheur doit pouvoir accéder à une eau qui convienne au moment précis où une crue les y amène, puis bénéficier d’une descente des eaux à un niveau propice qui permette de les attaquer dans de bonnes conditions. C’est à cette époque et dans ces rivières que l’on peut espérer rencontrer les plus gros poissons de la saison, ceux qui ont profité dans l’océan d’une nourriture particulièrement riche avant leur retour en eau douce.

En arrière-saison les conditions climatiques peuvent varier considérablement, on peut connaître des journées de chaleur semi tropicale mais aussi des gelées nocturnes annonciatrices de l’hiver proche. Par eaux fortes et d’une température inférieure à 8°, la pêche en ligne plongeante à l’aide d’une grosse mouche de 5cm.(5/0) s’impose. Si au contraire la journée est chaude et la rivière à son niveau et sa température normaux, on pourra continuer à employer la ligne flottante et les mêmes techniques qu’à la fin du printemps et de l’été, mais la taille de la mouche devra cependant être celle du début de saison.

Confronté avec des eaux fortes et une mouche qui a tendance à draguer en surface, il est normal que l’on utilise un hameçon plus lourd ou une  « tube-fly » lestée qui descende plus profondément. Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on considère comme « lourd » et comme « profondément ».

Lancer une mouche de 7gr. même à l’aide d’une canne puissante, d’une soie forte et d’un bas de ligne court, suffit à ruiner tout rythme dans le lancer !

Ce matériel est cependant couramment utilisé, sur la Tweed notamment, dans la conviction que la mouche doit racler le fond pour prendre du poisson. Là où la concentration de saumons est forte, la chose est hors de doute, mais ces poissons pourront alors être pris par n’importe quelle partie du corps.

Certains pêcheurs pour qui la joie de lancer compte au moins pour autant que la prise du poisson dans le plaisir de la pêche, s’en tiennent à des mouches conventionnelles et sont convaincus que le saumon, s’il est mordeur, montera tout aussi bien sur une mouche évoluant à 6Ocm. de la surface. C’était aussi l’avis exprimé dans de nombreux ouvrages de l’admirable pêcheur que fut Balfour Kinnear qui s’est donné la peine de pêcher une saison durant alternativement avec des mouches lestées et avec d’autres qui ne l’étaient pas et dont les conclusions étaient nettement en faveur de ces dernières.

Bill Currie dans « Days and Nights of Game fishing » écrit :

«  Il n’y a pas de secrets particuliers « dans la pêche de la Tweed en automne ... je n’aime pas les « soies plongeantes à enfoncement rapide ni les mouches « lourdement plombées, les poissons d’automne comme ceux de « printemps monteront prendre votre mouche et ce faisant « s’accrocheront bien. Une canne de 14 ou de 15 pieds, une soie « plongeante à enfoncement lent ou moyen et une grande mouche « du type Waddington, voilà l’équipement idéal. Il faut « accompagner de la canne la dérive de la ligne et faire en « sorte que la mouche nage naturellement dans le courant, à la « même vitesse que lui et sans draguer. Les grands saumons « d’automne prennent parfois jusqu’à 5m de ligne lorsqu’ils « s’emparent de la mouche, aussi faut il se garder de ferrer « sur la touche ! Toujours agir sans hâte et laisser au poisson « le temps de se retourner. »